lundi 27 août 2007

Une réflexion conduite par étapes

Janvier 2007 : honordecavalleriatrs.glogspot.com
Dans le cadre de Premiers Plans, en collaboration
avec Lycéens et apprentis au cinéma dans les Pays-de-la-Loire,
premières questions posées dans le cadre d'échanges autour du film d'Albert Serra Honor de Cavalleria.


Juin 2007 : questionscritiquesdelacor.blogspot.com
En collaboration avec l'association Grand écran et l'Ariel à Mont-Saint-Aigan, deuxième chapitre

Janvier 2008 : samedi 26 janvier 2008 de 9H30 à 13H00 au Centre de Congrès d'Angers
Premiers Plans, l'ACOR, l'OPCAL et les Cahiers du cinéma poursuivent la réflexion.



Catherine Bailhache :
Avant que chacun des participants ne se présente, je souhaiterais préciser que l'ACOR est une association située sur plusieurs régions, c'est pourquoi Fabrice Ricque évoquait Angers tout à l'heure. C'est une association de salles de cinéma dont fait partie l'Ariel, qui sont respectivement situées en Haute et Basse-Normandie, Bretagne, Pays-de-la-Loire, région Centre et Poitou-Charentes. Il s’agit donc d’un territoire assez large.

Depuis quelques temps, nous avons pris la décision de poser sur la table une série de sujets de réflexion, dont nous menons et mènerons les différentes étapes d’un endroit de ce territoire à l’autre, sur plusieurs mois, voire plusieurs années.

C’est ainsi que le sujet de réflexion portant sur la critique et les relations que peuvent entretenir directement les critiques avec les responsables de nos salles de cinéma a connu sa première étape à Angers, en janvier dernier. Les échanges tenus ici constitueront la deuxième étape d’une réflexion que nous allons sans doute poursuivre à Angers à nouveau dans le cadre de Premiers Plans.

Evidemment, nous savons très bien que, dans le public notamment, les personnes ne seront pas les mêmes, ou pas exactement, d'un endroit à l'autre, d’une étape de la réflexion à l’autre. Mais nous partons du principe que ce n’est pas un problème pour plusieurs raisons : au contraire, cela permet de ne pas s’enfermer dans des habitudes ; les intervenants eux-mêmes pourront ne pas toujours être tout à fait les mêmes ; par ailleurs, à l’heure d’internet, la glogalité de la réflexion sera accessible à tous sur notre site ; des blogs et autres forums seront créés pour ouvrir sur des discussions ultérieures avec qui le souhaite, public et intervenants confondus.

A Angers c’était donc en janvier 2007. Surtout, c’était trois mois avant la sortie du film, le propos d’origine était avant tout de sensibilitser les exploitants qui n'avaient pas encore vu le film d'Albert Serra Honor de Cavalleria. Certains d’entre vous ont pu découvrir ce film ici hier soir. A Angers, à l’époque, nous souhaitions le montrer à des enseignants, car, avec le coordinateur de Lycéens et apprents au cinéma ici présent, nous estimions qu’il pouvait intéresser les élèves des lycées, voire des facultés. Le film a été projeté un matin. On a passé l'après-midi qui a suivi à discuter du film, de ce que cela signifiait de recevoir un tel film. C’était des discussions du même genre que celle qu’on a pu avoir hier soir ; simplement elles ont duré plus longtemps et ont permis entre autres d’aller au-delà de la simple réception du film. C’est à cette occasion que certaines questions liées à la critique ont été abordées et nous ont incités à poursuivre la réflexion, en l’élargissant à d’autres films que le seul film d’Albert.

En effet : Comment montrer ce type de films ? Et même, avant cela, comment attirer l’attention sur ces films ? Comment la critique et les exploitants peuvent-ils, ensemble ou pas, bâtir avec le futur public des relations qui permettent de le sensibiliser, déjà, à l'existence de ces films ? Au milieu d'un afflux d'informations déversé par les différents médias, où aucune place ne leur est donnée, comment permettre à ces films d’être tout simplement… perceptibles ?

Il est évident que ces films, réalisés, mais surtout, en l’occurrence, diffusés avec de très faibles moyens financiers, ne sont pas du tout favorisés par le système. La très grande difficulté réside donc d'abord et avant tout, dans le fait de faire comprendre aux spectateurs que ces films existent, qu'ils sont intéréssants, voire plus, qu’ils vont être programmés, en général peu de temps : une seule semaine dans la plupart de villes, y compris à Paris ; une seule séance, ou deux, par jour dans la plupart des cas, ou même une unique séance.

Aujourd’hui nous parlerons certes toujours d’Honor de Cavalleria, film quasi-emblématique de cette catégorie d’œuvres fortes esthétiquement mais faibles du point de vue du marché, comme dirait Emmanuel Burdeau, ces œuvres auxquelles une grande partie de notre énergie est consacrée tout au long de l’année. Albert Serra est présent, Emmanuel Burdeau et Christophe Kantcheff ont tous les deux, chacun à leur manière, écrit sur ce film…

Mais au-delà, de manière générale, se poseront d’autres questions qui toutes découlent pour nous de la problématique telle que je vous l’ai exposée au départ. Que cela signifie-t-il pour vous, aujourd'hui, faire de la critique ? En quoi et pourquoi faire de la critique devient-il une pratique qui, aujourd'hui vous amène à quitter le simple champ de la critique, vous conduit à vous déplacer dans les salles par exemple ? Quels sont vos propres objectifs en tant que critiques lorsque vous rencontrez le public, vos lecteurs ? Quel rôle le fait de vous déplacer remplit-il exactement à vos yeux, aux nôtres ? Quelle relation par exemple, le fait de vous déplacer en personne a-t-il avec le fait de sensibiliser le public à ce type de films ? N’y a-t-il que cette évolution à envisager ? Bref, ce sont toutes ces questions dont je souhaiterais que l'on discute aujourd'hui. Plus celles que vous vous poseriez vous-mêmes au passage…