lundi 27 août 2007

Une critique qui se défait…

Christophe Kantcheff : Catherine et Emmanuel disaient tout à l'heure que la critique de cinéma existait encore. Oui et non, et là je parle toujours de la critique dans la presse, sans jugement de valeur sur le travail critique en question. Plus qu’à une critique qui se fait, on assiste à une critique qui se défait. En dehors des quotidiens, tels le Monde, Libération, l'Humanité, la Croix…, il y a quelques magazines ou revues spécialisés, comme les Cahiers ou Positif, et quelques hebdomadaires culturels (les Inrocks, Télérama…). Mais dans les grands news, par exemple, elle a presque totalement disparue, sauf dans le Nouvel Obs, où toutefois elle se réduit aussi. En fait, un accueil critique digne de ce nom ne peut plus être assuré désormais que par une poignée de journalistes.

Je prends un exemple. J’ai fait connaissance à Cannes d’une jeune journaliste qui travaille pour Muze, journal mensuel pour les jeunes femmes de vingt à vingt-cinq ans, c'est très ciblé. Elle tenait notamment un blog quotidien pour ce magazine. Cette jeune journaliste, qui a fait Sciences-po comme formation, rêvait de faire du journalisme culturel. Elle a eu beaucoup de chance, reconnaît-elle elle-même, de trouver rapidement un poste de ce type dans un journal. Je lui ai évidemment demandé si elle pouvait faire de la critique. Elle m’a répondu : « Je peux tout faire sauf ça. ». Sa hiérarchie n'en veut pas.

Le Monde a récemment diminué la place consacrée au cinéma. C'est très compliqué pour le service cinéma puisque ce journal, dit « de référence », s’est longtemps efforcé d’atteindre à l'exhaustivité. Aujourd’hui ce n'est plus du tout possible, d’autant que le nombre de films qui sortent en salles chaque semaine s’est accru.

Cela dit je voudrais faire ce constat troublant, cette fois sur la qualité du travail critique. Je constate en effet que la critique littéraire est plus pauvre que la critique de cinéma du point de vue des outils et de la méthodologie. La critique littéraire est envahie par les résumés d’intrigue et les impressions désinvoltes de lecture. Ce serait intéressant de se demander pourquoi.