lundi 27 août 2007

Le lien entre critique et industrie

Thierry Lounas : Moi, ce que je voulais dire, c'est que normalement, le travail critique est lié au travail de l'industrie. C’est comme ça avec le cinéma. On est face à une industrie. La critique taille dedans des territoires, des petits champs de désirs et de fantasmes... c'est le plus donc je parlais.


Aujourd'hui, il me semble que tout est réuni pour faire un travail critique aussi fort qu'il y a cinquante ans. Il y a un nombre d'œuvres intéressantes très important depuis la révolution numérique, il y a de nouveaux outils de diffusion, internet, le DVD... Le territoire à sonder est immense, il faut couper dedans... c'est assez passionnant.

Et en même temps, on est contraint d'avoir un deuxième travail qui consiste… il y a un problème de public, on est obligé de se demander à qui on s’adresse, pour qui on le fait… On peut voir aujourd'hui qu'il y a pas mal de gens autour de la table et il y en a pas beaucoup plus dans la salle, donc ça veut dire qu'aujourd'hui il nous manque quelque chose, et je ne sais pas jusqu'à quel point, quand on est dans une politique publique, on doit être volontariste. Quand je disais que c'est l'industrie qui compte, c'est qu'à un moment quand on est dans la politique publique, il faut définir des missions, aller vers des gens, être sans cesse en train de nommer ce que l'on est en train de faire, et ça c'est un vrai problème .

Tout le monde est en train de se décaler, c'est-à-dire que les critiques doivent faire de l'accompagnement dans les salles, le cinéaste doit être aussi là. Pour son film, Albert a fait 30 ou 40 interventions en salle, c'est énorme quand on habite à l'étranger et que l'on doit venir en France pour le faire. S'il devait le faire dans tous les pays, il arrêterait de faire des films demain. Les critiques peuvent aussi se déplacer. Christophe Caudéran, qui est normalement dans un dispositif tout à fait classique est obligé quand il voit un film très singulier d'inventer de nouvelles manières de faire, tout le monde doit se retrouver pour faire quelque chose d'autre que le métier premier.